LES PERSONNAGES MASCULINS

Sous le pouvoir taliban, l’espace public est réservé aux hommes. Toutefois, dans le film, la plupart des hommes jouent des rôles secondaires. Même si le père de Parvana est un homme bon et commence le récit, il est rapidement emprisonné et ne réapparait qu’à la fin. Le frère aîné de Parvana est décédé, l’autre très jeune. Hormis Rasaq, les autres hommes sont uniquement présentés par leur fonction : épicier, primeur, boucher, gardien de prison, taliban… Le jeune taliban Idriss, caricature paroxystique du taliban, apparaît comme enrôlé dans ce mouvement, comme une victime condamnée à mourir les armes à la main.

Quant aux femmes, elles sont contraintes de vivre recluses chez elles. Le film propose d’entrer dans les foyers (celui de Parvana) pour mettre les femmes sur le devant de la scène. Ce sont elles qui mènent véritablement l’action et qui ont les personnalités les plus complexes.

Voir planche de photogrammes La vie sous les Talibans

———

LES FIGURES FÉMININES

Parvana, Soraya et leur mère Fatema (ou Mama Jan)

Parvana, Soraya et Fatema (ou Mama Ja) sont des personnages dynamiques qui correspondent aux 3 âges de la vie d’une femme. Nora Twomey retranscrit le quotidien d’une famille de 3 femmes dans une perspective réaliste, en fonction de leur âge.

– A 11 ans, Parvana est encore considérée par les siens comme une enfant, ce qui ne va pas de soi dans la société afghane du XXIe siècle sous le régime taliban, qui impose la sexualisation précoce des fillettes. (Au début du film, Idriss veut qu’elle soit sa femme)

Au travers des scènes familiales, notamment de chamaillerie avec sa sœur, Parvana apparaît comme une fillette « normale » de n’importe quel pays.

En la voyant traversée par différents sentiments (rivalité, colère, complicité, désir protecteur…), son humanité est renforcée et sa personnalité enrichie. La relation qu’elle entretient avec son petit frère Zaki (jeu + protection) montre qu’elle est en train de sortir de l’enfance.

– Soraya, jeune fille, maîtrise les gestes d’une bonne ménagère : elle coud, cuisine, sait couper les cheveux et s’occuper d’un enfant. Elle est prête à fonder une famille.

– Fatema (ou Mama Jan) est la doyenne et assume les responsabilités familiales.

———

LE PERSONNAGE DE PARVANA

Dans le film, on voit comment le travestissement va permettre à Parvana d’évoluer.

Quitter sa condition féminine va lui permettre de goûter à la liberté, jusqu’à la réussite de sa quête.

Voir planche de photogrammes Parvana

———

LE TRAVESTISSEMENT

En Afghanistan, sous le régime taliban, se marier et avoir des enfants est la seule perspective pour une femme. Elle dépend alors de son mari, ne peut sortir dans l’espace public qu’en sa compagnie. La burqa dont elles doivent se vêtir symbolise leur aliénation et leur perte d’identité. Leur seul salut est de tomber comme Mama Jan sur un bon mari. Malheureusement, elles n’ont pas toutes sa chance : Parvana voit une jeune mère battue en pleine rue par les talibans parce que son époux lui a confisqué sa burqa pour l’empêcher de sortir. Soraya est également menacée par la violence d’un futur mari intégriste, persuadé de son bon droit. C’est le courage et la révolte pacifique de Mama Jan qui le fait fuir.

Alors que les 3 femmes pourraient se débrouiller seules, le régime taliban ne le leur permet pas puisqu’il interdit aux femmes de travailler ou même de sortir. C’est sur les épaules de Parvana que repose leur espoir de survie : comme Shazia, elle doit se déguiser en garçon pour subvenir aux besoins de la famille.

Le travestissement est le sésame de la liberté : Soraya aide sa sœur à devenir Aatish (« le feu ») en lui coupant les cheveux. La tunique du frère disparu qu’elle porte lui permet d’exister et par cela sauver sa famille. Aatish/Parvana peut sortir pour vendre des objets au marché, travailler, ramener de l’eau, acheter de quoi se nourrir… Malgré leur apparence de garçons, Shazia et Parvana jouent de leur double identité, gardent un regard critique sur les injustices qu’elles subissent et rêvent d’un avenir meilleur.

Pour information : Le « bacha poch » est couramment pratiqué dans certaines régions d’Afghanistan : les familles qui n’ont pas de garçon contournent la politique de ségrégation en élevant leur fille comme un garçon.