● Drôle d’endroit pour une rencontre [00:20:34 – 00:25:02]
voir Dossier # 289 pages 12-13 et Fiche élève # 289.
Avant la séquence, Mike, un jeune cuisinier, avait déjà surpris Simon cachant des paires de ski à l’extérieur du restaurant où il travaille. Après un échange de regards, Simon tente de se donner une contenance en desserrant ses chaussures de ski et en simulant une envie pressante.
On peut se demander pourquoi Mike n’interpelle pas Simon à ce moment-là, puisqu’il vient de découvrir le trafic du jeune garçon : a-t-il une idée derrière la tête ? Peut-être ne veut-il pas que les autres travailleurs saisonniers soient au courant ? Pour quelle raison ?
Quels sont les différents moments de cette séquence ? Observer les angles de prise de vue, le cadrage.
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Simon seul dans le garde-manger
Simon entre dans la réserve du restaurant dans le but de chercher un endroit pour cacher sa paire de ski. La caméra suit les déplacements du jeune garçon : elle place le spectateur face au sujet (Simon) en observateur neutre. Simon découvre d’autres paires de ski telles un butin inopiné, s’en émerveille, s’en empare d’une mais le bruit du claquement de porte et d’un tour de clé en hors champ l’arrête dans son entreprise : Simon se retrouve piégé dans le garde-manger plongé dans l’obscurité. Le passage du plan taille au plan poitrine marque l’exiguïté du lieu et souligne l’enfermement du personnage. Simon pose les skis, appelle en tapant frénétiquement sur la porte, en vain.
Désemparé, il s’assoit dans un coin, replié sur lui-même, tel un prisonnier dans sa cellule et attend, prostré, son casque posé à côté de lui. Au-dessus, un faible rayon de lumière l’éclaire, comme s’il l’invitait à réfléchir à son acte.
Arrivée de Mike : Mike a le dessus
Au bout de quelques minutes, la porte s’ouvre. Quelqu’un entre, vêtu d’une blouse blanche, une lampe torche à la main et débusque Simon.
Pourquoi n’allume-t-il pas la lumière ? Simon ainsi ébloui, se protège de sa main. On reconnaît Mike le cuisinier, qui lui ordonne de se lever, braque sa lampe, telle une arme, sur le visage de Simon. Ce dernier, questionné et malmené par Mike et déformé par cette lumière crue, effrayante, semble vulnérable.
En posant le regard vers les skis volés posés sur une étagère, Simon détourne l’attention de Mike et tente de s’échapper, mais Mike le rattrape, l’empoigne puis allume la lumière, comme s’il voulait maintenant la vérité sur cette affaire. Il comprend que Simon a volé les skis et le lui démontre en les lui faisant essayer. (plan serré en plongée sur la paire de ski posée au sol)
Simon ne lui ment pas en dévoilant sa vie (mise à part le fait que Louise soit sa mère et non sa sœur, ce que le spectateur ne sait pas encore à ce stade du film).
Face à face Mike/Simon
Cette confrontation brutale dominée par Mike laisse place à un face-à-face marqué par des plans poitrine des deux personnages ensemble, puis par une série de champ-contrechamps fixes qui place les personnages à égalité.
Ici, pas d’utilisation de plans subjectifs (pas d’implication du spectateur, pas de prise de position d’un personnage par rapport à l’autre).
Cette égalité de traitement cinématographique souligne le rapprochement entre les deux personnages : ils sont tous les deux en tenue de « travail » (Simon en skieur et Mike en cuisinier), la vie de Simon semblant faire écho à la jeunesse de Mike et Simon aspirant à travailler en tant que saisonnier comme on le voit à la fin du film.
L’échange se fait par les mots, les silences, les expressions des visages. Mike passe ainsi de la colère au doute, puis à l’écoute, à l’apaisement et à la surprise devant l’aplomb et la détermination de Simon qui ne se démonte pas et insiste pour obtenir l’argent des skis.
Simon prend l’ascendance
La main de Simon entre dans le cadre de Mike. Simon prend l’ascendance. Le « How much ? » final de Mike et le sourire de Simon en gros plan marquent la fin du face à face et la victoire de Simon :
Mike accepte de payer et devient son complice.
Notons que l’anglais est dans le film la langue de la ruse : Simon l’apprend afin de parvenir à arnaquer les riches touristes du monde « d’en haut ».