La bande-son provient d’un autoradio que quelqu’un manipule en roulant, zappant sur plusieurs stations avant de se fixer sur l’une d’entre elle : WVON. La langue et l’accent du speaker (Herb Kent) ainsi que les bruitages de klaxons implantent la scène aux États-Unis. Le premier mot qui se détache nettement de la radio est le mot « Negro » : cela souligne d’emblée la question du racisme dans le pays et, même si la question est toujours très actuelle, renvoie directement à l’Amérique des années 1960, d’autant que l’on perçoit dans la foulée les mots « Chicago » et « equal ». Le speaker célèbre Sam Cooke, chanteur de soul mort par balle un an auparavant (le 11.12.1964). L’histoire se passe donc en décembre 1965. Le titre de sa chanson tout juste diffusée est d’ailleurs éloquent : « A Change is Gonna Come » (« Un changement va arriver »). Le speaker rappelle que Sam Cooke a été le pionnier de la soul et qu’il a permis l’émergence de nombreux jeunes artistes de la nouvelle génération. Les thématiques sont donc dès à présent énoncées qui, entremêlées, vont servir de fil conducteur à l’histoire : le racisme et la soul.

Chanson noire-américaine, fortement cuivrée, rythmée, dominée par la voix.

« Toujours la même histoire », entend-on. Les musiciens jouent dans le bus. Le narrateur mentionne des rencontres simples et affectueuses, parle d’amour. Nous verrons que les images contrediront totalement ses dires : le pompiste ne sert pas les Noirs… James (Brown), qui l’écoute, répliquera qu’il sait très bien de quoi il parle : lui vit la même chose.

James Brown expose le déroulement de la soirée à Solomon Burke : il sera le roi. Le speaker l’annoncera, il entrera sur scène en premier sur sa célèbre chanson : « Everybody needs Somebody to Love », puis James entrera à son tour en dansant. Là encore, les images qui suivront contrediront les mots…

Solomon pense que le speaker annonce son entrée, c’est en fait celle de James Brown qu’il prépare…

Après avoir été « détrôné » de façon fort cavalière par James Brown, Solomon Burke voit sa colère s’estomper grâce à Gertrude qui l’apaise et lui fait comprendre qu’à travers la rébellion de James Brown, c’est celle du peuple noir qui va trouver un relais et une ampleur plus importante. Comme elle le dit bien : « On a tous un rôle à jouer ». Et c’est au tour de James de jouer le sien.