“À table !”, des plaisirs simples

La représentation sensorielle de la nourriture

Représentation très organique de la nourriture : importance du corps (ventres qui gargouillent)

Les films s’attachent à titiller les sens du spectateur en s’appuyant sur l’expérience gustative de chacun.

– Dans LA TRAVIATA, la caméra circule en plan serré entre les différentes pâtisseries qui garnissent le généreux buffet de desserts. Elle parvient de façon magistrale à nous mettre l’eau à la bouche : défilé de couleurs vives et appétissantes, lumière, formes arrondies, textures variées sur une musique grandiose, jusqu’au clou du buffet : l’énorme pièce montée crépitante. (zoom arrière)

– L’apparition du magnifique gâteau au chocolat de CŒUR FONDANT dans les mains de la petite taupe est filmé en gros plan et en volume. Il apparaît plus vrai que nature par sa texture et les bonbons colorés.

Planche thématique La nourriture

– Dans LA SOUPE AU CAILLOU, un court interlude (à peine 20s) quasi abstrait est proposé par la réalisatrice Clémentine Robach, pour figurer les légumes qui mijotent, broyés par les rebonds du caillou sous l’effet du bouillonnement. Elle l’appelle « la danse du caillou dans la marmite », Couleurs et formes se mélangent dans une grande poésie visuelle et sonore. Les percussions qui accompagnent le mouvement du caillou dans la marmite sonnent comme un appel au dîner bientôt prêt.

Ces quelques secondes aiguisent l’appétit du public en suggérant, en évoquant plutôt qu’en reproduisant fidèlement la cuisson du repas.

Voir Planche thématique La danse du caillou dans la marmite (en téléchargement ci-après)

Être ensemble

– Dans LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, Armand souhaite un grand banquet comme autrefois, mais il invite le génie à partager son repas.

Les cotillons dans LA TRAVIATA, et l’immense buffet de dessert témoignent d’un moment festif partagé.

– Dans CŒUR FONDANT, la petite taupe déclare : « Rien n’est plus important que de partager un gâteau entre amis ». Du début à la fin, ce film fait l’éloge de moments conviviaux : on partage la promenade, la partie de carte, la piste de danse, la barbe du géant… même le sommeil.

– Dans LA SOUPE AU CAILLOU, le crocodile dit « On devrait faire ça plus souvent, un soir de temps à autre, comme ça ».

Cette histoire toute simple permet de se souvenir que manger est avant tout un acte social : un beau moment passé ensemble.

De plus, ce film signifie aussi qu’à partir de rien (ici, un caillou), il est possible de créer quelque chose (ici, une soupe délicieuse) en coopérant.

En outre, dans ce film, la réalisatrice Clémentine Robach a voulu créer un « petit village » du Monde et célébrer la diversité par l’exotisme des voix des habitants qui traduisent leurs origines diverses. (qui s’opposent à la voix calibrée et survoltée du présentateur télé) (voix fluette de la souris, accent britannique de la chatte, rimes scandées du couple d’ânes…) Dans LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, le génie a également un accent (italien ? Amérique du sud ?)

voir Planche thématique Être ensemble

Éloge des plaisirs simples

Les films du programme célèbrent le merveilleux dans le réel ordinaire.

– Dans ILLUSTRATION : COMPOSTAGE, l’assemblage des déchets qui joue des couleurs, des formes et des textures, compose un véritable tableau.

Avec l’apparition des 1ères pousses d’un vert intense survient le « miracle » de la vie.  Le spectateur assiste, émerveillé, à l’éclosion des graines de potiron : le merveilleux est dans l’ordinaire de la nature.

– Dans LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, Armand s’occupe de sa fleur, hésite à demander comme vœu un bon plat de spaghetti. Il ne veut pas de château, d’argent, de voiture ou de voyage, juste une prairie remplie de fleurs.

La chanson finale est : « on est si bien, les pieds dans l’eau, l’un contre l’autre au bord du ruisseau. »

Ces films sont une invitation à exercer notre regard pour distinguer la beauté simple mais extraordinaire du réel.

voir planche thématique Éloge des plaisirs simples