“À table !”, deux lieux

VILLE / CAMPAGNE

Dans LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS, le monde urbain est défini par l’obscurité, la pollution, les bruits agressifs des klaxons et une agitation incessante, l’anonymat, la solitude…

A cet espace au réalisme triste succède bientôt « une prairie avec des fleurs jusqu’à l’infini », selon le 1er vœu d’Armand. La lumière, les couleurs, les bruits de la nature… Tout oppose cet espace au précédent.

Le film se finit sur l’impossibilité pour le génie comme pour Armand de retourner dans le monde précédent.

FICTION / RÉALITÉ

– Dans LA TRAVIATA, au tout début comme à la toute fin, la bande sonore donne à entendre le brouhaha de convives autour du buffet : ce son fait exister en hors-champ un autre monde que celui des bonshommes de pâtisserie, sans que jamais il n’apparaisse à l’écran (Le spectateur ne peut que l’imaginer). Il y a tout de même des éléments réels qui évoquent ce monde, dispersés sur le buffet des desserts, qui se mêlent aux personnages en pâte à modeler.

HABITAT INDIVIDUEL / ESPACE COLLECTIF

– Dans LA SOUPE AU CAILLOU, la nuit est tombée et chaque famille est cloîtrée dans son appartement, devant son écran de télévision.

C’est une coupure d’électricité qui va faire sortir les habitants et les réunir sur la place centrale hors des immeubles, où la marmite sera installée. Cette réflexion sur l’espace est amenée par le travail sur la lumière.

L’utilisation de la lumière marque visuellement la progression des personnages d’un espace individuel vers un espace collectif.

Au début : éclairage artificiel des écrans de télévisions qui fige chaque personnage dans son espace personnel.

Puis, quand ils décident de sortir, la lueur timide de leurs bougies les fait cohabiter dans le même espace, sans pour autant les réunir.

C’est finalement l’immense halo autour du feu qui les réunit tous dans sa lumière généreuse.

Le merveilleux n’est donc pas dans un autre monde, mais bien dans celui que nous partageons avec nos amis.

DEDANS / DEHORS

Dans CŒUR FONDANT, le film se déroule dans deux espaces : celui de la forêt et celui de la barbe du géant.

La musique est différente entre ces deux espaces :

– Dans ses tonalités

– Elle est subjective lorsqu’elle accompagne les pas de la petite taupe dans la forêt : des notes oppressantes marquent la peur du personnage face à l’inconnu. Elle témoigne de l’appréhension du personnage : la forêt apparaît comme un décor sombre et effrayant. (C’est un territoire mental qui n’existe qu’à travers la perception erronée de la petite taupe).

– Elle est diégétique lorsqu’il s’agit de la musique festive, associée aux rires et aux sons d’ambiance dans la barbe du géant, car elle est entendue par les personnages eux-mêmes. Elle révèle un lieu convivial.

– Dans ILLUSTRATION : COMPOSTAGE, Elise Auffray utilise le procédé accéléré (timelapse) afin de rendre compte ce qu’il se passe réellement à l’intérieur d’un composteur, puis ce qui se passe après, dehors, quand on a utilisé du compost pour faire pousser les plantes. Elle a pris 1500 photos toutes les 2h pendant 3 mois.  La mention des jours de prises de vues défile en haut à gauche de l’image, marquant l’écoulement en accéléré du temps.

Voir Planche thématique Les lieux (en téléchargement ci-après)

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