“Billy Elliot”, métamorphose

Nous sommes en présence d’un récit familial, d’un récit d’apprentissage, enfin d’un récit social. C’est donc bien de métamorphoses dont il est question ici, et ce sur plusieurs niveaux :

Celle de Billy

C’est la métamorphose la plus évidente, celle qui saute aux yeux : programmé pour faire de la boxe, il va dans un premier temps vaincre ses propres préjugés et comprendre que la danse n’est pas une activité réservée aux filles puis, contre vents et marées, devenir danseur étoile. La danse devient ici bien plus qu’une activité : c’est un moyen d’expression, de découverte et d’affirmation de soi, c’est une fenêtre sur la liberté (celle qui pourra aussi extraire Billy de sa classe sociale). Et c’est sur Le lac des cygnes, qui raconte là aussi une métamorphose (la princesse Odette se transforme en cygne blanc le jour, en femme la nuit), que celle de Billy s’accomplit. Notons aussi que la dernière chanson du film, « Ride a White Swan (Chevauche un cygne blanc) » du groupe T. Rex, fait également mention de métamorphoses fantastiques.

Cela s’accompagne aussi de la métamorphose du corps de Billy : adolescent malingre au début du film, il deviendra athlétique en fin de film.

● Celle de son père

Au départ, il ne peut pas imaginer pour Billy une autre voie que celle que la tradition impose aux garçons de son âge : la pratique d’un sport viril (boxe, football, etc.).

Son amour pour son fils aura raison de ses préjugés, il va finalement soutenir Billy dans son choix.

Le genre

C’est aussi l’une des questions centrales soulevée par le film : c’est d’abord la question du corps (transformation de jeune adolescent en corps d’adulte à la fin).

C’est aussi bien sûr la question du genre : si Billy ne semble pas vraiment se la poser, cette question se vit au travers du regard des autres (masculins) qui jugent l’image que renvoie Billy.En revanche, son copain Michael vit l’expérience de sa propre quête sexuelle.

Les ouvriers grévistes

C’est enfin la transformation de la société, celle du monde du travail, qui est en jeu ici. La grève s’étale sur une année, de mars 1984 à mars 1985, le film met donc aussi en scène, en quelque sorte, le chant du cygne du mouvement gréviste minier.

La dureté des conditions de vie se transmet aux hommes et s’exprime dans la rudesse des caractères, la violence verbale et parfois la violence physique.

Interroger les élèves sur cette violence du langage : comment l’ont-ils reçue, comment la comprennent-ils ? L’action prime sur le sentiment, la confrontation devance l’échange raisonné. Le manque de vocabulaire aussi, peut-être source de violence verbale lorsqu’on n’a plus les mots pour expliquer, argumenter. Tout cela traduit le mal-être des travailleurs, qui sont à bout, la misère sociale, l’urgence du changement.

Mise en résonance possible pour les élèves avec la France d’aujourd’hui (journal TV, reportages…).

L’écart est immense, entre ce monde et celui du conservatoire en fin de film, chargé de préparer l’apprenti danseur à intégrer le monde de l’art : les professeurs ne sont pas dans le mouvement, ils sont assis, peu mobiles… mais assis dans la posture du dominant. Ici, on n’agit pas, on observe et on juge. La violence est également de mise, mais froide, à l’inverse de celle des grévistes et des policiers.

L’ultime métamorphose

Analyse de la scène finale. Voir Dossier # 240 pages 12-13.

Précédent
Suivant