“Camille redouble”, l’affiche

Décrire l’affiche (couleurs, ambiance, personnage, titre, composition…).
Quel sera le ton du film ?
Quel âge peut avoir le personnage ? A quelle époque se passe l’histoire ? Y a-t-il un élément anachronique ?

La lumière baigne cette affiche : le rouge vif de l’anorak, le jaune dominant largement l’arrière-plan. Le guidon renvoie un éclat impressionniste du soleil miroitant. Le ton du film sera vraisemblablement celui de la comédie, ce qui est vite confirmé par les phrases d’accroche en surplomb.

L’idée de mouvement est clairement prépondérante dans cette composition : mouvement du personnage à bicyclette, mouvement de l’arrière-plan qui en devient flou, mouvement des lettres du titre qui semblent déjà danser (on dansera d’ailleurs plusieurs fois dans le film) ou qui tombent tout en défiant les lois de la pesanteur (comme dans le générique de début) : il y a bien une perte de repères là-dessous, qui préfigure le voyage à travers le temps du personnage et les troubles émotionnels qui s’ensuivront.

Regarder devant soi, c’est être tourné vers l’avenir. Or Camille, en position forcément centrale, ne regarde pas devant elle mais vers le haut. Elle ne regarde donc ni le futur, ni la route, ce qui avouons-le n’est pas très prudent à vélo. Elle va d’ailleurs bientôt chuter, pour tomber de haut : sur le bitume, dans des trous noirs et dans son passé. Cela, l’affiche ne le dit pas explicitement mais à mots couverts : en effet, Camille regarde… le titre, « Camille redouble ».

Mais… quel âge a donc le personnage ? Elle a tout d’une lycéenne, sauf le physique de l’emploi ! Voyant bien que ce n’est plus une adolescente malgré le costume, le cartable et la posture à vélo, nous sommes en droit de nous interroger sur le véritable sens du titre : que va-t-elle donc redoubler, sa vie ? De plus, si l’on est attentif aux détails, on pourra remarquer que les écouteurs sont typiques de ceux d’un walkman des années 1980 (ce qui pourrait correspondre à la jeunesse du personnage) plutôt qu’à ceux d’airpods actuels. Comme si cette femme adulte jouait à l’adolescente des années 1980.
Il y a donc bien l’idée, en filigrane, d’un plongeon dans le passé.

Noémie Lvovsky

2012

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