En 2020-2021 la critique de cinéma Noémie LUCIANI (Septième Obsession) a été invitée par Média-Tarn à partager avec 10 classes soit près de deux cent élèves tarnais du CM1 à la 6ème autour de la critique de cinéma.
Dans ce cadre, elle a communiqué aux élèves une critique écrite par ses soins pour deux films court-métrages, “Le Moine et le Poisson“, de Michael DUDOK DE WIT et “L’Acteur“, de Jean-François LAGUIONIE, autour desquels les enfants ont également planché de leur côté, une fois le geste amorcé avec son accompagnement.
Écoles et collèges impliqués : Collège Albert Camus de Gaillac, École Le Pigné de Lavaur, École de Lagrave, École de Lescure d’Albigeois, École Les Clauzades de Lavaur, École Las Peyras de Rabastens, École Victor Hugo de Graulhet.
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Les critiques produites par Noémie LUCIANI
pour accompagner les élèves
“Le Moine et le Poisson“, de Michael DUDOK DE WIT
par Noémie LUCIANI
Souvent associée au silence, à la solitude et à la prière, la vie de moine n’est pourtant pas chez Michael Dudok de Wit une expérience tranquille ! Dans son court métrage animé Le Moine et le Poisson (1994), le néerlandais Michael Dudok de Wit fait de la vie au monastère un tableau aussi mouvementé qu’un cartoon des Looney Tunes… Obsédé par un poisson qu’il n’arrive pas à attraper, un moine multiplie autour d’un grand bassin des astuces et des acrobaties que le célèbre Coyote qui n’arrive jamais à attraper Bip-Bip n’aurait pas reniées.
Rythmé par une musique sautillante, Le moine et le poisson est une fantaisie pleine de rebondissements, qui avait séduit un large public et s’était trouvé nominé à l’Oscar du meilleur court métrage d’animation en 1995. Les lignes minimalistes caractéristiques de Dudok de Wit ont un style très intemporel, comme l’absence de paroles : son humour burlesque vieillit bien. Mais si Le Moine et le Poisson est resté un classique, c’est surtout en raison de sa richesse métaphorique. Rapidement, le décor, les mouvements du poisson, cessent d’être réalistes. Le bassin devient immense, le poisson vole… S’agit-il vraiment d’un poisson, d’ailleurs ? Le monastère, ici, c’est l’espace mental du moine à la recherche de Dieu. Cette quête ne peut se faire qu’à une échelle individuelle : sa tentative pour faire comprendre sa démarche aux autres moines est un échec immédiat. Mais son voyage intérieur, quelle merveille ! La grande leçon du film tient à cette affirmation qu’on ne parvient à Dieu qu’avec ses repères individuels, ses propres questions, ses ressources – un rappel plus important que jamais en 2020.
“L’Acteur“, de Jean-François LAGUIONIE
par Noémie LUCIANI
Voulons-nous voir le vrai visage des stars ? Sorti en 1975, le court métrage L’Acteur de Jean-François Laguionie nous montre une foule amassée à l’entrée des artistes, attendant un acteur. Il s’agit de théâtre, mais la scène serait identique après une projection de film ou un concert : des fans attendant d’apercevoir leur idole “en vrai”.
Est-ce vraiment ce qui se passe ici ? Le cinéaste nous montre les préparatifs de l’acteur d’une façon très particulière. Le visage apparaît dans le cadre du miroir, les mains sont détachées du corps, qui est invisible, pour faire mieux voir le geste créateur : on dirait un peintre au travail. Cette insistance sur les mains fait qu’en les voyant réapparaître à la scène suivante, signant des autographes sur des photos commerciales, nous comprenons que tous ces gestes se ressemblent et que la signature, comme le maquillage, est une performance (ce que nous confirme une chute brillante).
Laguionie critique-t-il cette mise en scène de soi ? C’est plus complexe. La vraie révélation se trouve en contrechamp de l’acteur, dans ces visages de fans aux traits et aux couleurs exagérés, grotesques. Ces femmes, aussi, se sont peintes face au miroir. Elles jouent un rôle, comme l’acteur.
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Quelques critiques produites par les élèves
issues du visionnage du film “L’acteur” de Jean-François LAGUIONIE
Par les élèves de Laurence CABROL, à l’école Les Clauzades de Lavaur : critique individuelle au format “carte postale” pour conseiller le film à un ami ou un proche …
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Par la classe de Audrey LE DU de l’école de Lagrave : critique à plusieurs mains …
Le secret de l’acteur
C’est un homme ou une femme ? C’est la question que l’on s’est posée quand on a regardé l’affiche du court-métrage “L’acteur“, réalisé par Jean-François Laguionie et sorti en 1975. C’est un film d’animation muet, qui utilise la technique de la peinture animée. A certains moments, on dirait qu’on voit des tableaux.
Dans ce court-métrage, on découvre un acteur de théâtre qui se maquille et se démaquille pour jour des scènes de théâtre. Il signe des autographes puis rentre chez lui. Que va-t-il se passer ?
Le réalisateur a choisi de parler du temps. Pendant presque tout le film, on entend un tic-tac qui fait penser au temps qui passe. Il nous montre un personnage qui combat le temps et qui refuse de vieillir.
Laguionie a aussi voulu nous montrer que le personnage joue un double rôle car il se maquille pour sa pièce de théâtre mais aussi dans la vraie vie. Après la pièce de théâtre, des femmes impatientes de le voir l’attendent à la sortie des acteurs. Ces fans aussi se maquillent beaucoup pour se faire remarquer et pour essayer de le séduire. Elles aussi font semblant et jouent un rôle.
Ce qui nous a plus dans ce film, c’est son côté mystérieux, sa fin surprenante et la technique de la peinture animée. C’est un beau film que nous vous conseillons.
La classe de CM1-CM2 de l’école de Lagrave