Écrire en critique – Édition 2022-2023

En 2022-2023 le critique de cinéma Cédric LEPINE a été invité par Média-Tarn à partager autour du geste critique avec 8 classes, soit deux cent élèves tarnais du CM1 à la 5ème.

➔ chaque classe a accueilli Cédric LEPINE sur une séance de 2h ou une séance de 2h puis une séance d’1h, au cours desquelles les élèves ont découvert le métier et le geste critique par l’échange avec le professionnel, le visionnage d’un film court-métrage et l’amorce d’un travail de critique autour de celui-ci.
➔ chaque classe a été invitée ensuite à travailler à la production de critiques (individuelles ou collectives) sur un (ou deux) film de la programmation du dispositif « École et cinéma » pour les CM1-CM2 (“Billy Elliot” et/ou “Jason et les argonautes”) et « Collège au cinéma » pour les 6ème et 5ème (“Le gamin au vélo” et/ou “Nausicaä de la vallée du vent”).
➔ chaque classe a été invitée à assister, au mois de juin, au festival au long court pour poursuivre, dans le cadre d’une journée de cinéma, la construction de son esprit critique.

Écoles et collèges impliqués : Collège La Catalanié de Brassac, Collège Les Clauzades de Lavaur, Collège Eustache de Beaumarchais de Valence d’Albigeois, Collège Jean Jaurès d’Albi, École primaire de Dénat, École Louis Pasteur de Labruguière.

QUELQUES CRITIQUES PRODUITES PAR LES ELEVES


Une critique collective

— « LE GAMIN AU VELO » des frères Dardenne (2011) – Par la classe de 5°5, Collège des Clauzades de Lavaur —

Nous allons vous présenter dans cet article le film « Le Gamin au Vélo », réalisé par les frères Dardenne, que nous avons vu dans le cadre de l’opération « Collège au Cinéma ».

Généralités…

Les frères Dardenne sont nés en 1951 et 1954, et sont des réalisateurs belges reconnus. Pour réaliser le film, qui est sorti en 2011, il se sont inspirés d’une histoire vraie qui s’est déroulée au Japon. Celle-ci parle d’un enfant placé en foyer qui grimpe sur le toit du centre pour épier l’arrivée de son père qui l’a abandonné. Devenu adulte, cet enfant tombe dans la délinquance. Les réalisateurs ont alors l’idée forte du scénario…

Pour l’acteur principal, les deux frères ont choisi Thomas Doret, 15 ans, ce sera son premier rôle au cinéma. Dans le film, il joue le rôle phare du Gamin au Vélo ou Cyril qui, lui, n’a que 12 ans. Ainsi, l’acteur est mature et responsable, il a du recul par rapport à l’histoire et au personnage qu’on lui demande d’endosser. Dans le film, sont aussi présents des acteurs connus comme Cécile de France qui incarne le rôle de Samantha ou encore Jérémie Renier celui du père de Cyril. Ces acteurs expérimentés guident Thomas Doret pour lui permettre de donner le meilleur de lui-même. Cette différence dans le jeu des acteurs crée un film juste dans les émotions.

Les liens du cœur à l’épreuve

Voici le pitch… Cyril est déboussolé, turbulent et parfois agressif. Il vit dans un foyer, sa mère est absente et il cherche de l’affection auprès de son père Guy qui le rejette. Guy a même vendu le vélo de son fils pour se faire un peu d’argent, il n’a vraiment aucune considération pour lui.

Samantha, c’est le seul rayon de soleil dans la vie de Cyril, elle a de la tendresse pour lui, elle accepte donc de l’accueillir alors qu’elle ne le connaît pas ; c’est un peu sa mère adoptive, elle lui donne l’affection qui lui manque ; mais l’enfant prendra du temps pour percevoir cela.

Wes, petite frappe, lui, n’est pas un garçon à fréquenter. Cependant, Cyril se reconnaît en lui et est prêt à tout pour forcer son admiration. Cyril se trompe souvent lourdement dans le choix de ses proches.

Une façon originale de filmer

Le rythme du film est des plus précipités. En effet, Cyril court tout le temps pour échapper aux gars du foyer ou pour retrouver son père. Pour cela, il prend souvent son vélo pour aller plus vite et par plaisir. Les rares moments où l’enfant est calme c’est quand il retrouve son père car il veut rester avec lui. Au cours du film, il devient tout de même plus calme avec Samantha. La course permanente de Cyril crée chez le spectateur l’impression que le film est rapide, sans pause. Il est entraîné dans un tourbillon. La musique du film au contraire est très lente, elle n’intervient pas beaucoup et est employée dans les moments forts. Elle est classique comme une caresse apaisante pour Cyril et le spectateur.

On sait que les frères Dardenne ont réfléchi à la façon de filmer toutes les scènes et ont d’ailleurs eu du mal à en tourner certaines. Ce qui est intéressant, c’est notamment les gros plans sur le personnage principal qui sont là pour que les spectateurs ressentent ses sentiments, qu’ils soient tristes ou heureux. Par exemple, dans les premières scènes du film l’enfant est filmé en cadre serré, les mains agrippées presque tremblantes sur le téléphone, nous partageons alors son attente, son impatience, son angoisse.

L’éclairage est aussi capital ; les moments heureux sont filmés dans la lumière naturelle et les moments tristes, de faiblesse sont filmés dans l’ombre, l’obscurité, on le voit dans les scènes où Cyril rejoint Wes dans la forêt…

En outre, Cyril est souvent filmé dans des encadrements de portes comme pour montrer qu’il est prisonnier de ses problèmes familiaux. Ainsi, quand il est avec son père, les portes se referment sur lui, et à l’inverse avec Samantha elles s’ouvrent toujours…

Un conte de fées ?

Le film fait référence à des contes de fées célèbres. Nous pensons que les réalisateurs ont voulu faire ces clins d’oeil pour montrer que la vie n’est pas toujours facile. Les réalisateurs évoquent ainsi “Le petit chaperon rouge” avec Wes qui représente le loup. Il se fait passer pour un second père mais au final, il manipule Cyril qui sert ses intérêts. Cyril serait le petit chaperon rouge, prêt à être dévoré, il est toujours vêtu de rouge d’ailleurs. Le bois, un lieu important, représente comme dans l’histoire du chaperon un endroit dangereux.

Dans le film, on peut retrouver l’histoire de “Cendrillon” avec Samantha qui serait la bonne fée qui veut aider Cyril. On peut voir aussi l’allusion au « Petit Poucet », avec le père Guy qui abandonne son enfant pour une vie meilleure sans lui.

On peut, comme dans les contes, dégager des morales au film. Cyril est trop attaché à son père pour le laisser partir. Il est décevant, mais c’est son père, Cyril ne le lâche pas et pourrait passer à côté du bonheur avec Samantha. Il faut prendre le bonheur dès qu’il est à portée… Cyril le comprendra plus tard…

La vie n’est pas une ligne droite, il aura parfois des embûches mais il faut réussir à les dépasser et à rester dans le droit chemin. Pour cela, il ne faut pas toujours suivre les gens qu’on a envie de suivre ou à qui on a envie de ressembler. Il ne faut pas se fier aux apparences car tout le monde n’est pas bon comme Samantha.

Pour toutes ces raisons, nous vous conseillons vivement de voir ce film magistral.


Quelques critiques individuelles

— « NAUSICAA DE LA VALLEE DU VENT » réalisé par Hayao Miyazaki (1984) – Par les élèves de 6ème et de 5ème, Collège Eustache de Beaumarchais de Valence d’Albigeois —

« Pour commencer, j’ai aimé car il y avait beaucoup d’actions. En revanche, je n’ai pas trop aimé les graphismes car je n’aime pas les mangas. Enfin, j’ai trouvé que cet animé était long. » (Luka, 6ème)

         « Tout d’abord, je n’ai pas aimé ce film car je n’aime pas les mangas. Puis il y a beaucoup de combats. En revanche, j’aime bien le message qui est passé dans ce film sur la nature. De pus les décors étaient originaux. » (Aure, 6ème).

         « Pour commencer, je n’ai pas aimé ce film car je n’ai pas trouvé l’histoire intéressante. Deuxièmement, les dessins étaient très beaux. Et, en troisième, je n’ai pas compris le concept de la forêt toxique. » (Axel, 5ème)

         « Tout d’abord, je n’ai pas trop aimé car les Omus m’écœuraient car ils font un bruit bizarre et ils sont pour moi « moches ». Mais le film était plutôt agréable car il y a de l’action. Enfin, je ne comprenais pas les transitions entre le présent et les rêves de Nausicaä car je ne savais pas pourquoi elle rêvait. » (Titouan, 5ème)

         « Pour commencer, j’ai aimé le graphisme des personnages et des décors, et les couleurs lumineuses (ma scène préférée est quand Nausicaä se fait enlever par les tentacules des Omus). Ensuite j’ai beaucoup aimé le style fantastique de ce film (les créatures qui n’existent pas sur notre planète). Pour finir, j’ai trouvé que ce film a du suspense et de l’action. » (Raphaël , 5ème).

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