L’interminable roulis du train et cette musique country-blues sur tempo lent (avec guitare sèche, harmonica, guitare électrique…) font immédiatement penser aux Etats-Unis, ce qui se confirmera avec la voix de la speakerine en fin d’extrait. La boîte à rythmes métronomique puis le court solo de saxophone un peu plus loin sonnent très années 1980. On pourrait s’attendre à un road-movie, ce qui ne sera pas le cas. Le héros termine ici son voyage, venant de Denver pour arriver sur ces images à Los Angeles. Le visionnage des images après coup nous permettra de réaliser que le tempo du morceau est calqué sur le rythme des pas de Roddy Piper.

Deux hommes discutent calmement. La teneur de leur dialogue nous fait comprendre qu’ils sont de conditions modestes : pour eux, la vie est difficile. Ils doivent avoir environ le même âge, entre 30 et 40 ans. L’un d’eux travaillait dans une scierie à Détroit, mais elle a coulé. Il n’a pas vu sa femme et ses deux enfants depuis six mois. Leurs caractères divergent pourtant : l’un voit un avenir bouché et ne croit plus en l’homme (toujours en compétition avec son voisin) tandis que l’autre, optimiste, « a foi » en son pays et sait qu’il « aura sa chance ». Remarquer au passage la grande différence de réalisme et de naturel entre la VO et la VF…

Ces chants religieux afro-américains sont des gospels. En deuxième partie d’extrait sonore, le gospel se chante comme souvent sous forme de question (soliste) / réponse (chœur). Le rendu sonore nous indique cependant que la caméra n’est pas très loin de la chorale mais à l’évidence séparée d’elle par une cloison car le son est légèrement étouffé. De plus, on perçoit distinctement des bruits de pas marchant à l’extérieur puis dans un intérieur : certainement une des pièces annexes de l’église où chante la chorale.

Sous le bruit permanent d’un hélicoptère qui tourbillonne comme un busard dans le ciel, des hommes discutent. De leur conversation, ressortent certains mots et concepts importants : « on est contaminé par la violence », « une secte qui célèbre le culte de la fin du monde », « ils tuent ou dévalisent des banques », « l’idée de finir le 20e siècle attaque le ciboulot des hommes », « la pétoche d’affronter l’avenir »… Tout nous situe dans cette histoire quelques années avant l’an 2000. Si l’on s’en réfère aux hypothèses émises à l’écoute de l’extrait #1, on peut également avancer que la réalisation du film date de la même époque. Ceux qui ont vécu le passage de millénaire se souviennent encore des angoisses et fantasmes vécus par une partie de la population à propos d’un bug informatique gigantesque ou même de la fin du monde annoncée par Nostradamus quelques siècles plus tôt. Tout cela aurait pu tourner à la panique générale, ce qui semble être le cas dans le film. Le genre abordé est donc celui de la science-fiction, mais une science-fiction pessimiste, qui met en scène le chaos sociétal et humain, l’incertitude du lendemain, ce qui est propre au courant de la SF dystopique. L’hélicoptère prend alors un sens tout particulier : il s’agit certainement d’un hélicoptère policier qui surveille ce qui se passe en surface, élément assez caractéristique de la dystopie où les états policiers abondent.

Il s’agit d’une scène de chaos dominée par le bruit de l’hélicoptère et des sirènes de police : nous avons basculé de la phase de surveillance à la phase d’action musclée.

« Obéis », « Reste endormi », « Ne conteste pas les ordres » : ce sont des injonctions qui rappellent le Big Brother de 1984, roman dystopique s’il en est. A noter que ces paroles subliminales ne sont pas entendues dans la VO car le héros lit ces mots dans un magazine… Le dialogue qui suit est des plus banals : un type veut acheter son journal. Mais la musique, assez expérimentale, dissonante et étrange, insuffle un sentiment de malaise qui souligne que quelque chose d’irrationnel survient dans le quotidien : c’est la définition même du fantastique, qui correspond ici à la première rencontre avec l’extra-terrestre…

Ce thème, composé pour son film Halloween, la nuit des masques (1978), est véritablement culte chez tous les amateurs de cinéma d’horreur.