“Kérity, la maison des contes”, Analyse de séquence

Après visionnage de la séquence “Le cauchemar des livres” (en ligne ci-après) et avec l’appui de la collection de photogrammes (planche téléchargeable), engager avec les élèves une analyse de séquence.

ELEMENTS D’ECLAIRAGE UTILES

Tout petit, écrasé par l’énormité du lieu, Natanaël se sent mal dans la bibliothèque.

Pire encore que le nombre et la hauteur des rayonnages d’ouvrages, c’est un livre, un seul, qui le fait basculer en plein cauchemar : un livre ouvert, qui lui rappelle qu’il ne sait pas lire (tout comme les paroles moqueuses de sa sœur qui lui reviennent également en mémoire) !

Le cauchemar prend donc forme avec ces lettres qui se détachent des pages, qui se désolidarisent des mots pour former des objets mystérieux et désormais absolument non identifiables, de plus en plus nombreux et envahissants… Le silence qui jusque-là régnait en maître dans la bibliothèque est alors gangrené par une myriade de sons parasites et agressifs, de plus en plus volumineux, de plus en plus nombreux. Natanaël se sent comme attaqué par une colonie de cafards aux formes étrangères. Le monde, un instant auparavant hyper coloré (bibliothèque rouge), calme et figé, perd toutes ses couleurs et l’enfant bascule dans un labyrinthe mouvant de feuilles et de livres géants avec lesquels il doit se débattre. La caméra, qui durant la séquence précédente privilégiait les plans fixes subit les mêmes changements et devient très mobile, se mettant à virevolter presque follement autour de Natanaël, comme si elle était elle-même un de ces livres persécutant l’enfant comme une harpie ! L’effet pour le spectateur en est donc décuplé.

Le montage alterné est un autre procédé qui amplifie encore ces sensations.

Il montre d’une part Natanaël pris dans les tourments de ce cauchemar éveillé comme s’il était en train de se noyer dans un océan de lettres : séquence sonore, sans couleurs et mouvementée. D’autre part, il montre une vision de la réalité en plan fixe, silencieux, coloré : Natanaël seul, figé devant le livre ouvert. Il y a bien une serrure que l’on verra dans la partie cauchemar, mais aucune clé pour l’ouvrir.

L’alternance répétée de ces deux séquences antagonistes accentue d’autant la violence du cauchemar.

Le montage, de plus en plus nerveux en fin de scène, où les images se bousculent et s’entre-heurtent, contribue à son tour au crescendo de l’angoisse. Vers la fin, l’enfant recrache des volées de lettres comme s’il avait bu la tasse et se transforme en personnage inconsistant, non pas fait de chair et d’os mais de lettres de l’alphabet.

Le retour à la réalité est bien brutal : Natanaël s’évanouit, le monde est comme suspendu, puis l’image se perd dans un long fondu au noir, comme une petite mort. Retour au silence.

Pour le moment, l’espoir de devenir lecteur n’est pas envisagé…

Voir la séquence “Le cauchemar des livres”

Collection de photogrammes extraits de la séquence “Le cauchemar des livres”

Voir la séquence “Le cauchemar des livres”

Aide Pédagogique

Voir les éléments d'éclairage énoncés plus haut.

Néant