“L’enfant d’en haut”, le monde d’en haut / le monde d’en bas

Pour L’Enfant d’en haut, Ursula Meier part de lieux existants qu’elle connaît afin de créer un décor singulier, une dichotomie entre le haut et le bas, révélatrice d’un contraste social.

Le film a été tourné en Suisse : dans la plaine industrielle de Monthey pour le « monde d’en bas » et  à Verbier, une luxueuse station de ski située à une cinquantaine de kilomètres, pour le « monde d’en haut ». Le téléphérique relie ces deux univers, permettant de rendre crédible cette fausse configuration.

La réalisatrice cherche à créer l’archétype de la station de ski.

Au sommet, un espace immaculé, propre et ordonné : les riches touristes s’adonnent aux joies de la glisse en famille, se reposent et mangent dans les restaurants des pistes, dans un décor de paysages enneigés. En haut, on ne voit pas le monde d’en bas. Les pauvres sont éjectés, les voleurs battus dans l’indifférence générale.

En bas, une sorte de no man’s land dominé par la grisaille : les habitants de la vallée vivent dans les restes d’un univers industriel. Plaine quasi déserte, terrains vagues, usines, friches de bâtiments (station service, hangars…), tours d’habitation, route, champs, en font un lieu de passage, un espace inhospitalier et désolé.

Ce lieu fait penser aux westerns avec des plans très larges. Si ce lieu est synonyme de précarité, il est paradoxalement assez ouvert, les montagnes enneigées sont en arrière-plan. Les adultes sont quasi-absents, les enfants sont seuls et livrés à eux-mêmes, jouent ensemble sur des monticules neigeux en guise de pistes. Mais si cette plaine industrielle semble triste et morne, le travail sur la lumière avec l’utilisation du bleu au début le magnifie : elle prend une tonalité féérique et onirique.

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