“L’enfant d’en haut”, les dialogues

L’enfant d’en haut est marqué par un jeu entre la vérité et le mensonge, entre le silence et le poids des mots, parfois blessants comme des coups.

Le mensonge fondateur imposé par Louise qui se fait passer pour sa sœur alors qu’elle est sa mère en entraîne d’autres et les justifie. Les mensonges font partie de la vie de Simon : il ment pour se mettre à l’abri (lorsqu’il se réfugie dans les toilettes), pour s’inventer une vie (avec la riche touriste), pour exister (avec Mike), par obligation (avec Bruno le copain de Louise). Pour Ursula Meier, le mensonge est pour Simon une question de survie.

La relation Simon/Louise est marquée par les non-dits et par des paroles pesantes (« Tu te débrouilles de toute façon. Tu es grand, hein Simon ? Ça va aller ?») ou blessantes (« tu es un boulet. Douze ans que tu es un boulet ».).

Lorsque Simon dit à Bruno que Louise est sa mère et non sa sœur, cette phrase abrupte semble être un mensonge. La réaction de Louise le dément : Simon dit bien la vérité, mais pour elle c’est sans importance : elle ne paraît pas mesurer la force et l’impact de ses mots. (« J’te l’aurais dit de toute façon, ça change quoi, hein, ça change quoi ? »).

Le film est également ponctué d’expressions ou de mots familiers scatologiques (« J’fais caca,m’sieur. » (Simon), « J’en ai tellement plein le cul de ces boulots de merde. » (Louise), « ça m’troue le cul, ça m’fait vraiment chier. » (Simon devant abîmer les skis exprès », « Faut qu’ce soit lisse comme la peau d’cul » (Simon rénovant les skis), les sandwiches ont un goût et une odeur de « merde », « Toi aussi tu sentais la merde » (Louise en parlant de Simon bébé)).

Le langage familier se poursuit lorsque Simon trouve que Louise « a un joli cul » quand elle revient avec son nouveau jean : il se joue du mensonge imposé par Louise et veut peut-être tester sa réaction mais elle n’y accorde que peu d’importance (« t’es con ! »).

Par opposition à ce langage trivial, le langage choisi pour s’adresser aux touristes anglais est soutenu, empreint d’une certaine ironie « Can you feel the magic of powder ? » Simon adapte son langage à son public.

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