“Les Bêtes du sud sauvage”, le cycle de la vie

Cette thématique est centrale, fondamentale, dans le film. Elle s’articule autour du rapport vie / mort, qui lui-même sous-tend l’idée de transmission, la nécessité de se nourrir, enfin le fait que la mort est le terreau de la vie. La construction du film insiste également sur l’idée de cycle, l’ouverture et la fermeture se répondant avec le père sur une embarcation flottante (vivant en ouverture, mort en fermeture) et la petite communauté rassemblée sur un ponton.

Le rapport vie / mort

Il se conjugue tout au long du film, de façon plurielle (la maladie et la mort du père, la « renaissance » des aurochs, le risque de perdre la vie pendant l’ouragan, Hushpuppy manque de mourir dans l’incendie, mort de l’alligator qui coïncide avec la conception d’Hushpuppy, cadavres d’animaux…). La force vitale est symboliquement matérialisée par les hurlements poussés par Hushpuppy, petit corps d’enfant qui semble déclencher l’effondrement des glaces du pôleSud…

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La transmission : il y a la transmission du savoir symbolisée par celle qui enseigne à la petite communauté d’enfants. Il y a surtout la transmission prônée par le père sur sa fille, lui qui se sait condamné (« Quand je serai parti, tu seras le dernier mec dans le Bassin. ») : il cherche dès lors à élever son enfant comme un animal, seule condition possible de survie dans ce monde primitif (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Bassin) : ainsi il l’exhorte à crier, à montrer ses muscles, lui apprend à pêcher à la main, à manger « à la dure »… La femme du cabaret, figure de la mère pour Hushpuppy, va lui transmettre autre chose : l’importance de la sociabilité. En lui apprenant à sourire, elle lui inculque la nécessité, pour vivre, de dépasser le stade animal et de savoir évoluer au milieu de ses congénères.

Manger / être manger :

Les scènes de nutrition, de repas, sont innombrables tout au long du film, principe là encore essentiel à la survie. Si au départ, le père prépare à manger pour sa fille (poulet), il cherche à la rendre autonome, à ce qu’elle sache se nourrir seule (pêche, cuisson, etc.). À la fin du film, c’est elle qui donne au père son dernier repas, sur son lit

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Une vision organique : les nombreux plans sur des cadavres d’animaux, des larves, des gros plans de végétaux, contribuent à développer ici une vision organique du monde. C’est le cycle même de la vie.

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UNE MICRO-SOCIÉTÉ

Dans le Bassin on s’organise, on s’entraide, notamment après le déluge (on cherche les autres, on reconstruit ensemble, on va tous dans le dispensaire pour accompagner le père d’Hushpuppy…). On partage ses repas. Et l’on boit beaucoup ; cela permet de s’évader de la dureté du quotidien, seul ou à plusieurs. Cela permet surtout au rire de venir plus facilement. De partager du rire, du bien-être, avec les autres. Et donc, momentanément, de se sentir plus forts, moins seuls. Malgré la misère.

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