“Les Temps modernes”, analyse de la séquence d’ouverture

Le film s’ouvre sur un troupeau de moutons qui avance. Filmé en plongée, le troupeau est écrasé par la caméra autant que par le cadrage, qui renforcent la sensation de promiscuité. Les bêtes vont toutes dans la même direction.

En remarquant bien, un mouton noir se fond aux autres. Il symbolise ce que sera le personnage de Charlot : étranger, bientôt indésirable, un grain de sable dans la machine…

L’image s’estompe légèrement tandis qu’une autre commence à apparaître : c’est un fondu enchaîné.

La deuxième image prend forme : une foule à la sortie d’une bouche de métro.

La première image a presque totalement disparu. Le fondu-enchaîné, par l’effet de sur-impression qu’il a produit, permet aisément d’identifier cette foule à un troupeau de moutons.
Filmés eux-aussi en plongée, ces humains vont également dans la même direction.

À présent, nous distinguons parfaitement l’image : elle met en scène une foule uniquement constituée d’hommes. Ils ont tous des chapeaux ou des bérets.
Ce mouvement de foule suggère ceux qui vont suivre (grèves, émeutes, attente devant l’usine…).

La troisième image, proposée en contre-champ, nous dévoile l’endroit où se rendent ces hommes : ces ouvriers vont à l’usine, ils sont écrasés par la masse imposante du bâtiment, ce qui nous pousse rétrospectivement à penser que les moutons allaient à l’abattoir…

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