“Moonrise Kingdom”, la réalisation

Grand perfectionniste, Wes Anderson opte comme à son habitude pour une réalisation virtuose et très réfléchie, dont on peut dégager quelques caractéristiques :

● FLUIDITÉ

Dans ce film les mouvements de caméra, vifs mais fluides, abondent (travellings, panotages), parfois organisés en somptueux plans séquences (voir l’ouverture). Il y a aussi des effets de zooms et dézooms (la caméra est alors fixe).

● FAIRE FI DE CERTAINES CONVENTIONS CINÉMATOGRAPHIQUES

Demander aux élèves s’ils n’ont pas noté des transgressions ou des incongruités filmiques dans la réalisation. Deux sautent aux yeux :

. Les nombreux regards caméra : le regard caméra est généralement banni au cinéma car il sort instantanément le spectateur du film (puisqu’il prend directement le spectateur à témoin)… Mais on sait depuis Godard qu’on peut se jouer de cette convention. Avec ses regards caméra répétés, c’est comme si Suzy devinait la présence du spectateur…

. Le narrateur est « in » alors qu’on utilise généralement une voix-off lorsqu’on a besoin d’un narrateur. Ici, ce dernier est également un personnage du film, qui rencontre et interagit avec les autres personnages.

● ACCESSOIRES ET DÉCORS

Nous sommes ici dans une sorte d’outrance organisée, chaque détail étant à sa place ; outrance des objets les plus hétéroclites, outrance des couleurs (beaucoup de jaune, de vert et des couleurs criardes héritées de la pop culture – voir le pantalon porté par Bill Murray !), outrance des décors dont les habitations ressemblent à des maisons de poupées… Les personnages eux-mêmes s’apparentent par moment à des poupées sans fil qui s’animent au gré des injonctions dictées par les évènements et… par le metteur en scène. Il en résulte un univers parfaitement original, presque factice, que Wes Anderson parvient pourtant sans mal à faire vivre.

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