Paysage sonore particulièrement venteux, de type blizzard. Il doit faire un froid glacial… ou une chaleur désertique… Les bruits de pas étouffés ne permettent pas de trancher pour l’une ou l’autre des hypothèses : des pas dans la neige ou des pas dans le sable. D’autres bruits sont difficiles à définir et contribuent à rendre le paysage étrange voire exotique (cf. oiseaux ?) Que nous inspire la première parole prononcée (en VO puis en VF) ? Un homme parle en japonais. Il semble bien seul dans cet endroit. Ses mots tombent comme une sentence et leur sens (« Encore un village mort ») nous aiguille vers un paysage désolé (champ de bataille ?). La parole suivante, plus obscure (« Allons-nous en, la fukaï va bientôt m’engloutir », et le son de la voix comme altéré par le port d’un masque métallique, nous permet d’envisager un ancrage du récit dans la science-fiction… à tendance post-apocalyptique. (NB : la fukaï est le nom donné à la forêt toxique).

Musique ténue égrenée à la harpe, teintée de nostalgie. Le thème japonisant (à 30 s.) et les élans lyriques orchestraux sont reconnaissables de l’esthétique de Joe Hisaishi, qui signe ici sa première musique de film. Si l’élève peinera sans doute à dire le nom du compositeur, il nommera peut-être celui du réalisateur Hayao Miyazaki, qui lui est souvent associé.

On songe à la jungle, animée par les chants d’oiseaux exotiques. Outre la faune, les images nous montreront que la flore est elle aussi exotique. Nappée d’orgue et des sonorités transparentes d’un cristal Baschet (ou d’un synthétiseur imitant cet instrument atypique), l’ambiance est assez sereine bien qu’oscillant entre inquiétude et merveilleux. La voix nous parle de « traces d’ômu encore fraîches », un animal imaginaire donc, qui nous amène une fois encore sur la piste du fantastique, de la science-fiction ou de l’heroic-fantasy. Ce qui surprend, c’est que ce n’est plus un homme mais une fillette qui s’exprime ainsi. Une exploratrice. La Nausicaä du titre ? En fin d’extrait, au son d’un sitar indien, elle découvre quelque chose de très étonnant : on pourra tenter de deviner ce dont il s’agit.

Ils sont 4 : l’homme du début (Maître Yupa), la jeune fille (Nausicaä), une vieille dame que l’on devine mi sage, mi sorcière (O-Baba), et un vieillard (Maître Jill, père de Nausicaä).

La Terre est secouée par guerres et famines. La fukaï (forêt toxique) s’étend et menace les différents royaumes. Celui où vivent ces personnages, une vallée balayée par les vents marins, y est plus clément que les autres. La vieille dame est aveugle ; elle résume une prophétie importante (qui aura des répercussions directes dans cette histoire) : « Après mille ans de ténèbres, un être vêtu de bleu descendra du firmament… » Outre l’aspect christique de cette prophétie, on parle surtout de la fin prochaine de l’espèce humaine… Cela confirme directement l’aspect post-apocalyptique de l’histoire.

Nous sommes dans le laboratoire de Nausicaä : une sorte de serre où l’air est « pur et respirable ». La fillette apprend à Maître Yupa que la forêt n’est toxique que par son contact avec le sol saturé de pollution par les hommes. Son pleur, en fin d’extrait, à l’évocation du souvenir de la mort son père, témoigne également du peu d’espoir restant pour la Terre et l’humanité.

Cette plage musicale jouée à l’orgue est constituée de flux, de ressacs, de répétitions de cellules mélodiques. Elle revient à plusieurs reprises dans le film. Elle est très directement héritée de la musique minimaliste américaine à la charnière des années 1960 et 1970 ; on songe en particulier aux travaux de Terry Riley.