Écrite en 1866 et devenue l'hymne de la Commune de Paris, la chanson "Le temps des cerises" fut dédiée en 1882 par le chansonnier, militant républicain et communard Jean-Baptiste Clément à Louise, une ambulancière morte à Paris pendant la Semaine sanglante. La Commune de Paris, comme les autres Communes insurrectionnelles, refuse la soumission à l’autorité du gouvernement de Versailles et prône une nouvelle organisation de la République française fondée sur la démocratie directe. La Commune finit écrasée par les troupes versaillaises au cours de la semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871, épisode meurtrier qui demeure fortement ancrée dans la mémoire collective.
« Le caractère nostalgique de la musique et du thème des regrets est repris dans le ton du film. L’idée d’un « temps » qui ne dure pas, d’une saison, pour les amours ou pour la paix et la liberté, rejoint celle du désir de Porco de planer dans un temps arrêté, de « se mettre en suspens entre ciel et terre » (Miyazaki, mai 1995). Le jeu littéraire qui consiste à inonder la chanson de la couleur rouge (qui passe des « cerises », symboles de l’épanouissement, aux « gouttes de sang » et à la « plaie ouverte ») sans qu’elle ne soit jamais nommée, pas plus que le sens politique du souvenir de la Commune de Paris, donne au film son véritable motif initial. Enfin cette façon de donner un sens politique en creux à un texte est reprise par le film, qui laisse voir, quant à lui, par déplacement et par condensation, le porc en chef qui, en 1929, s’agite au sol dans le chaos de l’anarchie du pouvoir : Benito Mussolini. »
(Le Cahier de note sur… Porco Rosso, par Hervé Joubert-Laurencin)