Chihiro est une petite fille de dix ans, grincheuse et gâtée, recroquevillée à l’arrière de la voiture de ses parents. Ils approchent de leur nouvelle maison, et elle est triste de quitter sa vie d’avant. Par erreur, s’étant engagés dans une « forêt obscure », ils se retrouvent dans un parc de loisir abandonné. Par goinfrerie, ayant perdu la « voie droite », le père et la mère sont magiquement transformés en cochons. Chihiro est alors brutalement embarquée dans un cauchemar incompréhensible au royaume des ombres. Elle devient l’humble travailleuse, d’abord clandestine puis sous contrat – mais la patronne est une sorcière diabolique – d’un immense établissement de bains anachronique, qui œuvre au repos temporaire des innombrables esprits de la nature de la tradition shintoïste. Rien n’est normal dans cet univers tantôt sous et tantôt sur-humain, sauf les règles de la vie en communauté, du travail, de la solidarité, de l’amitié et de l’amour qui, elles, sont rigoureusement celles de notre monde, et que Chihiro apprend très vite et très rudement. Elle parvient à ne pas se laisser réduire, et à conserver son intégrité et sa mémoire alors que son nom même lui est dénié. C’est de cette manière qu’elle se sauve elle-même et parvient à racheter la métamorphose infamante de ses parents, retrouvés au finale comme si rien n’avait eu lieu (…que le lieu lui-même et son animation, dans toutes ses possibilités d’aventure).